Les murs de soutènement en restanque : règles d’urbanisme, sanctions et voies de recours


La préservation du paysage typique des régions méditerranéennes, caractérisé notamment par des ouvrages traditionnels tels que les murs de soutènement en restanques ou « restanques », constitue un enjeu majeur en droit de l'urbanisme. Ces ouvrages, essentiels à la préservation de l’équilibre environnemental et esthétique, font l’objet de réglementations spécifiques visant à protéger le cadre paysager et prévenir les abus. Cet article se propose d’analyser les règles encadrant la hauteur maximale des murs de soutènement, particulièrement en contexte urbanistique communal, les raisons de cette réglementation, les moyens juridiques permettant leur respect ainsi que les sanctions prévues en cas d’infraction.

I. Le cadre réglementaire des murs de soutènement en droit de l'urbanisme local

A. Les fondements juridiques de la limitation de hauteur Les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU), documents cadres déterminant les règles applicables à l'utilisation des sols dans les communes, intègrent généralement des dispositions spécifiques aux murs de soutènement. À titre illustratif, un PLU peut stipuler une hauteur maximale de 2,50 mètres, associée à une obligation d'espacement minimum de 1,5 mètre entre deux ouvrages successifs pour favoriser les plantations. Cette limitation s’appuie juridiquement sur les articles L. 151-1 et suivants du Code de l'urbanisme, relatifs au contenu du PLU, ainsi que sur l’article R. 111-27 du même Code, prévoyant l'obligation de préserver la sécurité publique, le paysage et l’environnement.

B. Justifications environnementales et paysagères Ces règles visent à préserver la qualité paysagère et écologique des zones concernées, en limitant l'impact visuel et en assurant la stabilité des sols. La hauteur maximale (exemple : 2,5 mètres dans certaines Communes de l’arrière pays Niçois) garantit ainsi à la fois la sécurité publique et la préservation du paysage typique méditerranéen.

B. Variations et spécificités locales Chaque commune ou intercommunalité pouvant adapter ces dispositions selon les spécificités topographiques et environnementales, il est indispensable de consulter systématiquement les documents d’urbanisme locaux applicables.

II. Les moyens d’assurer le respect des règles d'urbanisme relatives aux murs de soutènement

A. Contrôle administratif préalable et sanctions administratives Les travaux liés à l'édification ou la modification substantielle de murs de soutènement nécessitent généralement une déclaration préalable ou un permis de construire en fonction des caractéristiques de l'ouvrage (articles R. 421-1 et suivants du Code de l'urbanisme). La commune peut ainsi contrôler préventivement le respect des règles locales d'urbanisme.

En cas de non-respect constaté, la commune dispose d’un pouvoir d’injonction de mise en conformité, voire d’arrêt immédiat des travaux en vertu de l’article L. 480-1 et suivants du même code.

II. Les sanctions prévues en cas de violation des règles applicables

A. Sanctions administratives et mesures de remise en état En cas de non-conformité constatée, l'autorité compétente (le maire ou le président de l'intercommunalité) dispose du pouvoir de dresser un procès-verbal d'infraction, pouvant aboutir à un arrêté de cessation des travaux et à une mise en demeure de remise en état sous astreinte (articles L. 481-1 et suivants du Code de l'urbanisme). L'article L. 480-14 prévoit notamment la démolition ou la mise en conformité de l’ouvrage sous peine d’astreinte.

B. Sanctions pénales Les infractions aux règles d'urbanisme, notamment la réalisation de travaux sans autorisation ou en violation des prescriptions du PLU, sont sanctionnées pénalement par l'article L. 480-4 du Code de l'urbanisme. Les sanctions encourues peuvent aller jusqu'à 300 000 euros d'amende et, en cas de récidive, jusqu’à une peine d’emprisonnement de six mois. Le juge peut également ordonner la remise en état des lieux aux frais de l'auteur de l'infraction.

C. Sanctions civiles : trouble anormal du voisinage et responsabilité civile Outre les sanctions pénales et administratives, les voisins affectés par une construction non conforme, notamment par la hauteur excessive d’un mur de soutènement, peuvent invoquer la théorie du trouble anormal du voisinage devant les juridictions civiles. En effet, l’excès de hauteur d’un ouvrage peut entraîner un préjudice esthétique, une perte d’ensoleillement ou une dépréciation immobilière, ouvrant droit à indemnisation ou à remise en état sur le fondement des articles 1240 et 1241 du Code civil.

II. Moyens et procédures pour garantir l'application des règles

A. Contrôle préventif et autorisations administratives Le respect des règles est d’abord garanti par le contrôle préalable (déclaration préalable ou permis de construire), soumis à un recours des tiers ou de l’autorité préfectorale.

B. Procédures contentieuses administratives En cas d'irrégularité, la commune ou tout tiers ayant intérêt à agir peut engager une procédure devant le tribunal administratif pour obtenir l’annulation des autorisations illégales (Article L. 600-1-2 du Code de l'urbanisme). Le recours en référé-suspension (L. 521-1 du Code de justice administrative) constitue un outil efficace pour empêcher la poursuite des travaux.

C. L’action civile devant le tribunal judiciaire Les voisins lésés par les infractions aux règles de hauteur peuvent saisir le tribunal judiciaire sur le fondement du trouble anormal du voisinage, demander la démolition ou la mise en conformité de l’ouvrage, et solliciter réparation des préjudices subis..

D. L'action publique : sanctionner pénalement pour dissuader Le maire, officier de police judiciaire, peut dresser un procès-verbal transmis au procureur de la République pour engager des poursuites pénales. Cette procédure vise tant à sanctionner les comportements délictueux qu’à dissuader les violations futures.

Conclusion La préservation de l'équilibre paysager et environnemental passe par un cadre réglementaire précis, des sanctions adaptées, et une combinaison des voies administratives, civiles et pénales pour assurer une application efficace des règles. La complémentarité de ces dispositifs garantit une protection efficace du patrimoine environnemental et urbain régional, sous réserve d'une vigilance constante des acteurs locaux.






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